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Prairies du Marais poitevin

En Marais poitevin, l’enjeu de conservation des prairies de marais est primordial. Elles abritent le cortège d’espèces animales et végétales qui font en partie la renommée internationale de la zone humide. Dans la zone humide, on dénombre 15 systèmes d’habitats prairiaux humides (source: catalogue des habitats) qui résultent des gradients d’humidité, des types de sol et des pratiques agricoles.

Les différents systèmes prairiaux du Marais

Le territoire du PNR Marais poitevin compte environ 39 000 ha de prairies dont 30 400 ha en zone humide (Source: RPG 2017). On retrouve des milieux prairiaux très diversifiés: prairies hygrophiles, mésohygrophiles, mésophiles, sub-saumâtre, des prés salés et des pelouses xérophiles. Parmi les 39 000 ha , environ 36 000 ha sont en prairies permanentes et 3 300 ha en prairies temporaires sur le territoire du PNR ( sources: RPG 2017). En zone humide, ce sont 29 600 ha sur 30 400 ha qui sont en prairies permanentes.

En Marais poitevin on retrouve deux grands types de prairies: les prairies sub-saûmatres et les prairies de marais doux:

Les prairies sub-saumâtres

Ces prairies couvrant 22 884 ha (source : Université de Rennes 2015), situées à l’Ouest du marais, présentent un taux de sel résiduel qui induit la présence d’une flore très spécifique, d’intérêt communautaire. Elles sont de plus caractérisées par un microrelief parcellaire, inhérent aux anciens chenaux de retrait de la mer, qui induit un gradient d’hygrophilie variable en fonction de la topographie. C’est cette double spécificité à l’échelle locale (salinité et variation d’hygrophilie) qui confère à ces prairies une richesse biologique très forte.

En fonction du gradient de salinité, on distingue les prairies eu-saumâtres, davantage marquées par la présence du sel, et les prairies sub-saumâtres, plus éloignées du littoral, qui présentent des cortèges de végétation mixtes entre les prairies eu-saumâtres et les prairies des systèmes doux.

marais communaux

Marais communal de Lairoux (85). Prairie subsaumâtre située dans la vallée du Lay.

Les prairies saumâtres des milieux ouverts présentent un cortège de végétation d’intérêt communautaire avec des espèces végétales protégées en France et à l’échelle régionale comme la Renoncule à feuilles d’ophioglosse. De plus, elles accueillent de nombreuses espèces, notamment d’oiseaux nicheurs, migrateurs et hivernants.

Leur caractère saumâtre et humide, avec des passages d’eau sur les prairies en hiver et le maintien des baisses en eau au printemps, confère à ces espaces un intérêt biologique majeur spécifique aux marais atlantiques et remarquable à l’échelle européenne. Ces marais atlantiques constituent notamment une halte migratoire essentielle sur l’axe de déplacement des oiseaux d’eau entre les pays du Nord et du Sud pour assurer leur reproduction ou leur hivernage dans de bonnes conditions. Leur assèchement entraînerait la disparition de nombreuses populations d’oiseaux d’eau (anatidés et limicoles).

Les prairies de marais doux

Les marais en système doux se situent principalement dans les vallées et dans les marais mouillés soumis aux crues dans la partie Est du Marais poitevin (Venise verte). Ce sont de petites parcelles bocagères séparées par un réseau dense de canaux. Ces petites prairies se retrouvent aussi dans les vallées du Marais: Mignon, Courance, Curé, Autise, Aunis, Vendée et la Vallée du Lay.

On retrouve dans ces zones différents types de prairies avec des hygrométries variables: les prairies hygrophiles, mésohygrophiles et mésophiles avec des cortèges floristiques variables: Les prairies humides eutrophes, les mégaphorbiaies, les magnocariçaies, etc…

Maraichine et Black angus dans les marais de sansais

Maraichine et Black Angus dans les marais de Sansais (79)

Ces habitats offrent un lieu de replis, de nourriture et de reproduction pour de nombreuses espèces comme la Loutre d’europe, le Râle des genêts, la Rosalie des Alpes ou encore le Cuivré des marais, . Ces prairies sont entretenues grâce à l’élevage qui profite de ces parcelles à forte valeur fourragère.

Elles jouent aussi un rôle hydrologique important notamment l’hiver en faisant office de zones d’expansion des crues et de filtration des eaux,…

L’inventaire et la cartographie des différents systèmes prairiaux

En 2010, le PNR a souhaité étudier l’évolution des cortèges floristiques. Une étude comparative a donc été initiée entre les relevés floristiques de 1993-1997 dans le cadre des suivis OGAF de Vendée et une campagne d’inventaire spécifique sur 150 parcelles.

Les résultats ont été analysés sur 2 années :

En 2010, le rapport sur la méthodologie et les premiers résultats :
Suivi floristique et évaluation des prairies naturelles du Marais poitevin 1993 – 2010

En 2011, une analyse plus fine a été commandée à l’Université de Rennes :
Analyse des données floristiques des prairies Vendéennes du Marais Poitevin 1993 / 2010

Bilan des connaissances sur les prairies humides du Marais poitevin

A partir des années 1980, les prairies du Marais poitevin commencent à être étudiées dans le cadre de différents programmes : recherche des espèces floristiques patrimoniales, fonctionnalité avec les anatidés et limicoles, pastoralisme, etc. Il faut surtout attendre les années 1990 avec la mise en œuvre des Mesures agri-environnementales, le programme de préservation des marais communaux et le site expérimental des Magnils reigniers pour voir les premiers programme de recherche se développer sur les prairies (PNR Marais poitevin, Université de Rennes, INRA, etc.).

Habitat naturel reconnu au niveau international pour les espèces et à l’interface de nombreux questionnements agricoles (valeur agronomique, rendement de foin, date de fauche, pression de pâturage, etc.), la biodiversité d’une prairie dépend de nombreux facteurs : pratiques agricoles, pédologie, durée d’inondation, etc.

Afin de faire le bilan des connaissances disponibles dans la littérature en matière de caractéristiques écologiques et agronomiques des prairies humides, sur l’ensemble du Marais poitevin. L’EPMP, avec la collaboration d’un groupe technique d’acteurs du territoire (PNR MP, chambre d’agriculture, INRAE, gestionnaire de sites protégés, service de l’Etat, APNE, etc.), a chargé l’Unité de recherche GEOLAB (UCA – CNRS) de cette mission, réalisée entre avril et décembre 2022.

Ce rapport répertorie les connaissances disponibles sur les prairies humides du Marais poitevin de trois caractéristiques d’intérêt majeur :

– les caractéristiques relatives à la diversité floristique et la valeur patrimoniale des prairies humides,
– les caractéristiques agronomiques des prairies humides,
– les caractéristiques physico-chimiques de l’eau et du sol des prairies humides.

L’analyse bibliographique a en particulier concerné les connaissances portant sur l’effet de différentes modalités de gestion agropastorales et du régime hydrique sur ces trois types de caractéristiques. Les communautés végétales sont les ‘clés d’entrée’ pour organiser la présentation des informations, puisqu’elles reflètent généralement bien les conditions de sol, de régime hydrique et de gestion agro-pastorale.

La démarche méthodologique pour conduire cette synthèse bibliographique est présentée en amont des résultats de la bibliographie. La liste complète des références identifiées est fournie en annexe du rapport, incluant celles portant sur la faune dont l’analyse détaillée n’a pu être conduite dans le temps disponible pour l’étude.